Les Oursins
mercredi 4 mars 2020
Les oursins (ou Echinoïdes) sont des animaux aquatiques invertébrés qui appartiennent au groupe des Echinodermes, groupe comprenant aussi les étoiles de mer et les concombres de mer. On reconnait les oursins grâce à leurs épines (qui sont en fait des radioles) qui les font ressembler à des porcs-épics marins. Pour une bonne partie (en tout cas en France) ils ont une forme globuleuse, ce qui les fait apparaître étrange ; néanmoins ils ont la même structure et fonctionnement que les autres organismes.
Comme nous, les oursins ont une bouche, suivis de plusieurs organes qui vont traiter la nourriture, et ils se terminent par un anus pour rejeter les restes de ce qu’ils n’ont pu digérer. Pour nous, ce tube est entouré par un corps constitué de 4 membres et d’une tête, alors que pour les oursins il est entouré par une coquille appelée « test » et qui pourrait correspondre à notre squelette et l’exosquelette des insecte : formé de plusieurs petites plaques, c’est ce qui lui donne sa forme. La bouche, qui est appelé « Lampe d’Aristote » chez les Oursins, se trouve en fait sous lui. Elle est constituée de 5 parties triangulaires identiques qui vont lui permettre d’ingérer sa nourriture : du sable pour les détritivores, des algues pour les herbivores et omnivores, et d’autres organismes pour les carnivores (et les omnivores).
Pour l’aspect interne, il y a donc un tube digestif pour digérer la nourriture mais aussi tous les organes nécessaires pour le bon fonctionnement d’un organisme : des organes génitaux pour assurer la reproduction, un anneau nerveux qui va diriger l’ensemble et un anneau aquifère qui va aider les muscles. Chez les Echinodermes, les muscles vont permettre d’actionner un système hydraulique (l’anneau aquifère). Ça n’est pas si intéressant que ça pour les Oursins, mais pour les étoiles de mer par exemple cela leur permet d’actionner une force de traction importante sans trop se fatiguer, et ce sur de longues durées : utile pour ouvrir des bivalves qui eux vont s’épuiser à résister. (image de l’anat)
Le test, qui est donc l’endosquelette des oursins, va se découper en 5 parts, chaque part étant elle-même constitué d’un ambulacre et d’un inter-ambulacre (cela se voit plus facilement quand le test est à nu). Les ambulacres, constitué de deux séries de plaques, se reconnaissent à leur rangée de petits trous, allant du centre (vu de dessus) et s’éloignant en rayonnant. Ces trous sont des pores respiratoires et servent aux échanges respiratoires entre l’intérieur de l’oursin et le milieu extérieur. Sur les ambulacres se trouvent les podias (ou pieds ambulacraires), des espèces de minuscules petit bras qui vont permettre à l’oursin de se déplacer, ainsi que les pédicellaires qui sont encore plus petits et sont plutôt un système de défense. Sur les inter-ambulacres, constitués de 2 ou 4 séries de plaques, on va trouver les épines (ou radioles). (image ambulacre/inter-ambulacre ?)
Les oursins se séparent en deux groupes : les réguliers sur lesquels on voit bien les plaques et les irréguliers sur lesquels les plaques ne sont plus aussi marquées. Les réguliers sont l’image classique que l’on a des oursins : une boule de piquants. Ils ont une symétrie axiale, c’est-à-dire que vu de dessus peu importe comment on le coupe en deux les deux parties seront symétriques. Pour les irréguliers, les choses ne sont pas si simples et chez certains, le nombre de radioles va être bien plus réduits, souvent plus grosses et parfois avoir des formes bien différentes d’un simple piquant. L’autre différence est que chez les oursins réguliers, l’anus va se trouver sur le dessus au centre, avec les plaques portant les pores génitaux ; mais chez les Irréguliers, l’anus va s’écarter et on perd donc la symétrie radiale. Chez certains groupes l’anus va même passer en dessous et se rapprocher de la bouche.
(image régulier/ irrégulier)
(image de radiole)
Je passe rapidement sur leur reproduction, car elle nous intéresse peu en paléontologie (faute de restes à étudier) : les oursins pondent des œufs (ou gamètes femelles), que les femelles relâchent dans leur environnement pour qu’ils soient fécondés par les spermatozoïdes (gamètes mâles) des mâles. Mais il existe des cas d’oursins marsupiaux, observés en antarctique : les femelles ont des poches pour conserver les œufs pour le début de leur croissance.
Pourquoi les oursins en paléontologie ? Tout simplement parce que leur évolution leur a permis de s’adapter à plusieurs milieux de vie différent, et donc grâce à leur morphologie on peut en apprendre plus sur le milieu dont est issue la couche sédimentaire dans laquelle on les trouve. Par exemple, des espèces d’aujourd’hui sont de formes très aplaties et sont connus pour vivre au bord des plages, au niveau des vagues. C’est cette forme aplatie qui leur donne un avantage à cet endroit puisqu’il leur permet de couvrir une plus grande surface pour récupérer plus d’oxygène grâce à des ports respiratoires très nombreux. On peut donc se dire, lorsque l’on en trouve un fossile, que le milieu était très côtier. Inversement, certaines espèces vivent en grandes profondeur (attention, cela ne veut pas dire plus de 500m sous le niveau de la mer) et pour s’adapter à la pression, l’évolution de ces espèces a tendu vers une forme très arrondi, comme pour un œuf. Encore une fois, si on trouve un tel fossile on sait que l’on se trouve dans un milieu marin assez profond.
(image d’oursin fossile)
Références :
Kier, P. M. 1987. Class Echinoidea. Pp. 596-611. In : R. S. Boardman, A. H. Cheetham, and A. J. Rowell (eds.) Fossil Invertebrates. Blackwell Scientific, Palo Alto.
Patrick de Wever, Bruno David, Didier Néraudeau.2010 Paléobiosphère : regards croisés des sciences de la vie et de la Terre.. MNHN - SGF - Vuibert.